dimanche 11 mars 2012

Résultat des élections 2011-2012

Les résultats ont été publiés par le ministre de l'Education National le 24/11/2011. Globalement, les positionnements sont les suivants (en arrondissant) :
Enseignement du 1er degré (participation 44%) :
  • 58% pour des listes hors association ;
  • 18% pour la FCPE ;
  • 2,6% pour la PEEP.
Enseignement du 2nd degré (participation 25%) :
  • 16% pour des listes hors association ;
  • 49% pour la FCPE ;
  • 11% pour la PEEP.
Ces scores sont comparables à ceux de l'année dernière et l'on note sans surprise la persistance de l'hégémonie de la FCPE dans le secondaire. Hégémonie que beaucoup attribuent à la connivence entre le corps enseignant, massivement à gauche, et la FCPE à qui il apporte un soutient non négligeable. Comme mentionné dans mon précédent billet, il faut reconnaître aussi l'efficacité de la communication très présente de la FCPE.

Tous les résultats ici : http://www.education.gouv.fr/cid58559/resultats-des-elections-des-representants-des-parents-d-eleves.html

mercredi 28 septembre 2011

Elections des 14 et 15 octobre 2011 : Peep ou FCPE ? Des différences de fond et d'action

Fondements

La PeeP

La première association de parents d’élèves date de 1906. Dans un contexte politique très tendu marqué par la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905) et les affrontements parfois violents qui secouent la société, elle voit le jour grâce à des parents d’élèves du lycée Carnot, à Paris, soucieux de préserver les enfants des querelles des adultes. Cette association pose comme prérequis absolu la neutralité politique et religieuse.

D’autres associations la rejoignent au fil des ans et, ensemble, elles constituent en 1926 la FAPELC (Fédération des Associations de Parent s d’Elèves des Lycées et Collèges) qui changera de nom en 1966 pour s’appeler PEEP (Parents d’Elèves de l’Enseignement Public).

De par sa genèse et ses motivations, la PEEP est très décentralisée. Il s’agit d’abord de parents d’élèves qui se regroupent localement en association de type loi 1901. Ce regroupement peut se faire à l’échelon d’un établissement, de plusieurs établissements, voire d’une ville entière selon les circonstances (densité de population…). Généralement, ces associations se regroupent ensuite elles-mêmes à l’échelon départemental en une association loi 1901 puis à l’échelon national en une association loi 1901 également reconnue d’utilité publique depuis 1962. Cette association nationale, la PEEP, est elle-même membre de l’association européenne des parents d’élèves (EPA).

Sur le plan formel, il s’agit ainsi d’une fédération de parents d’élèves d’abord concernés par leurs propres enfants et qui se regroupent en entité social d’échelon supérieur pour lui confier des actions qu’ils ne pourraient pas mener efficacement si elles restaient à leur niveau (faute de moyens ou faute de poids vis-à-vis des pouvoirs publics par exemple). La structure de la PEEP épouse en cela le principe de subsidiarité et s’oppose aux structures jacobines.


La FCPE

Après la chute du régime de Vichy, lequel avait marqué un coup d’arrêt temporaire aux lois anticléricales et s’était retourné contre les francs-maçons, des enseignants créent avec des parents des « conseils de parents d’élèves ». Ces conseils visent d’abord à défendre et promouvoir une certaine conception de la société et de l’école laïque dans une France en pleine reconstruction où chacun avance ses pions.

En 1947, ces conseils sont rassemblés et coordonnés pour donner naissance à la Fédération des Conseils des Parents d’Elèves qui sera reconnue d’utilité publique en 1951 puis mouvement d’éducation populaire en 1982.
La FCPE est l’une des 5 organisations qui constituent le Comité National d’Action Laïque (CNAL) créé en 1953 aux côtés notamment de la Ligue de l’enseignement, du Syndicat des enseignants (SE-UNSA, ex SNI-PEGC) et de l’UNSA éducation (ex FEN).

Sur le plan organique, la fédération nationale se structure en conseils départementaux qui rassemblent eux-mêmes tous les conseils locaux d’un même département. Un conseil local peut couvrir un ou plusieurs établissements. Il sont de deux types : soit une association type loi 1901, soit une simple section du conseil départemental. Seules la fédération nationale et les conseils départementaux sont des instances de décision. Ceci peut expliquer le sentiment ressenti par certains parents d’élèves que « à la FCPE, les ordres viennent d’en haut ».



Doctrine et actions

La FCPE

La création de la FCPE en 1947 est réalisée sous le patronage du Syndicat National des Instituteurs (SNI) et de la Ligue de l’Enseignement grâce à leurs dirigeants respectifs, MM Henri Aigueperse et Albert Bayet. Ce patronage marque profondément l’esprit de cette fédération :
  • Un ancrage très à gauche (proche des syndicales CGT et FO, la FCPE a été dirigée pendant 24 ans par Jean Cornec, membre de la Révolution prolétarienne), même si la fédération se défend officiellement de faire du prosélytisme politique dans les écoles ;
  • Un attachement viscéral à la laïcité qui se traduit davantage en anticléricalisme militant qu’en respect de toutes les religions et croyances ;
  • La suprématie accordée à l’Etat sur quasiment tous les sujets. La prévalence de l’Etat sur les familles et sur les personnes peut présenter à court terme une illusion d’égalité et d’efficacité, mais elle porte en soi les germes d’une dérive totalitaire qui réfute, ou sacrifie, la liberté individuelle.
De par ces principes doctrinaux, la FCPE et, plus généralement, le CNAL, fait généralement front commun avec la franc-maçonnerie. Il n’est pas fortuit que des membres du Grand Orient de France inspirent son action ou prennent place parmi ses dirigeants. Illustration de cette double mouvance franc-maçonne et de gauche : l’actuel président de la Ligue de l’enseignement, J-M Ducomte (qui a soutenu le Front de Gauche aux élections régionales en 2010).


Le CNAL est farouchement opposé à l’enseignement libre et, en particulier, au financement par l’Etat de l’enseignement privé sous contrat. Ceci se comprend en accord avec sa conception de la société, athée (alors que l'enseignement libre est souvent d'origine catholique) et entièrement sous contrôle de l'Etat (donc pas "libre").


La PeeP

Parce que la FCPE est classée à gauche, la Peep est classée par défaut à droite. Cette bipolarisation erronée sur le plan doctrinal est d’abord le fait des média. Au niveau local, existent des militants de gauche qui adhèrent à la Peep.
Toutefois, il est difficile à un sympathisant de droite d'adhérer à la FCPE si bien que, de facto, la proportion de sympathisans de droite à la Peep est supérieure à celle des « sans opinion » ou celle des sympathisants de gauche. En outre, de 2003 à 2006, la présidente de la Peep était également une militante de l’UDF/Modem. Alors, si ce n'est de jure, en tous cas de facto, la Peep est bien plus à droite que la FCPE ;-)
De par son origine et ses motivations, la Peep n’a pas vraiment de doctrine idéologique. Au plan local, les associations Peep présentent en conséquence une plus grande variété, diversité que les conseils FCPE. En miroir de celle-ci, on peut cependant relever 3 points saillants pour la Peep :
  • Une réelle indépendance syndicale et politique ;
  • Une défense de la laïcité plus fidèle à l’esprit de Jules Ferry ;
  • La conviction que le premier éducateur d’un enfant c’est sa famille. Et non l’Etat ou le corps enseignant (c’est toute la différence entre un Ministère de l’Enseignement et un Ministère de l’Education). Cette conviction, diamétralement opposée à celle de la FCPE, reflète à la fois une conception de l'homme et un choix de société très différent.


Actions

Par nature, la FCPE veillera à préserver les intérêts des enseignants dans ses prises de position, elle part du principe que les intérêts des enseignants et ceux des parents se rejoignent. La Peep se focalise davantage sur les intérêts des enfants en se mettant au service des parents.
L’inspiration syndicale de gauche de la FCPE se retrouve dans son mode d’action beaucoup plus offensif : appels à la grève, manifestations, sens médiatique, lobbying militant… Il peut paraître plus efficace que celui de la Peep : discussions, concertations… avant de lancer une simple pétition. Par exemple, la Peep n’appelle jamais à la grève et s'oppose aux opérations "classe morte" considérant que cela pénalise en premier lieu les enfants. Moins médiatiques, les actions de la Peep n'en sont pas moins utiles et sans doute plus proches des attentes des parents d'élèves.


Pour qui voter ?

La description des paragraphes précédents s'attache avant tout aux généralités qui distinguent PEEP et FCPE.
Au niveau local, des parents pleins de bonne volonté peuvent se rencontrer à la Peep comme à la FCPE et les affinités peuvent jouer comme dans les cercles d'amis sans accorder plus d'importance à l'étiquette officielle de l'association de parents d'élèves. C'est ainsi que certains parents s'inscrivent auprès de la FCPE dans un établissement et auprès de la PEEP dans un autre en fonction de leurs "atomes crochus" avec d'autres parents !

Reste que :
  • ces affinités sont dans l'ensemble orientées par les doctrines respectives des associations ;
  • voter pour une association, et a fortiori y adhérer, c'est lui donner du poids et des moyens financiers qui serviront au plan national à appuyer tel ou tel choix de société. En effet, comme nous l'avons vu plus haut, ce sont de réels enjeux politiques et choix structurants de société qui opposent les conceptions de la PEEP et de la FCPE.


à suivre...


Sites web :

Leurs rôles rappelés par le ministère :